Les résultats de l'admissibilité au concours de recrutement de professeur·e des écoles (CRPE) laissaient déjà entrevoir le désastre : pour les 219 postes à pourvoir au concours externe, seules 180 personnes avaient été déclarées admissibles. En misant sur un fort taux d'admission, cela créerait déjà un déficit d'au moins 70 postes.
Mais ce n'est pas tout : le manque d'attractivité de l'académie de Paris (où les loyers continuent d'augmenter alors que les salaires restent désespérément gelés) dissuade aussi les professeur·es des écoles de muter vers la capitale. Alors que le rectorat attendait au moins 80 entrant·es dans l'académie, seule une trentaine de personnes va finalement rejoindre les écoles parisiennes.
Tout cela va donc creuser un déficit de postes qui devient structurel et la conclusion fait froid dans le dos : au total, il faudra au moins 250 enseignant·es en CDD pour pallier les besoins au 1er septembre. On est là face à une véritable crise du recrutement, liée à la dégradation des conditions de travail dans les écoles primaires (charge croissante de travail, pressions hiérarchiques, mépris ministériel), à la stagnation salariale et, pour Paris, au blocage des possibilités de mutation.
Pour tenter de réagir, l'académie a donc immédiatement promis un renouvellement aux 130 contractuel·les actuellement en poste dans l'académie mais ils et elles ne sont pour l'instant pas plus de 80 à vouloir continuer à travailler dans les écoles l'année prochaine. Dans le meilleur des cas, le rectorat devra donc encore trouver entre 170 et 180 enseignant·es en CDD pour que chaque classe ait une maîtresse ou un maître le jour de la rentrée. Autant dire qu'on va voir fleurir dans les prochaines semaines des petites annonces et des forums de l'emploi pour recruter en masse.
Après une année scolaire 2021-2022 très difficile, où des milliers d’élèves se sont retrouvé·es en fond de classe ou à la maison faute de personnels pour remplacer leur enseignant·e malade, le futur ne s’annonce donc guère plus radieux pour l’année qui vient.
Face à cette crise, il faut un plan d’urgence à même de redonner envie de devenir enseignant·e. SUD éducation Paris revendique :
-
une augmentation générale et conséquente des salaires
-
la titularisation sans condition de tou·tes les professeur·es contractuel·les
-
le retour à un concours de recrutement à bac+3, suivi de 2 années de formation rémunérées et validées par l’attribution d’un Master pour tou·tes les professeur·es des écoles.
Voir aussi : Scandale des Jobdating : la conséquence d’années successives de casse du service public d’éducation – Communiqué de SUD éducation