Régulièrement, nous sommes alerté·es par des collègues AESH qui subissent des dérives autoritaires de la part de leur "coordo" de PIAL.
En cette rentrée scolaire, il nous parait donc important de faire un point sur cette catégorie singulière d'AESH de l'académie de Paris. Car oui, en effet, les "coordo" sont bien des AESH.
Les coordonnateur·ices sont nommé·es par le ou la pilote du PIAL (l'IEN de circonscription dans le 1er degré et le ou la cheffe d'établissement pilote de PIAL dans le second degré). En contrepartie des missions qui leurs sont confiées, ils et elles sont déchargé·es de tout ou partie de leurs heures d'accompagnement et bénéficient d'indemnités salariales.
Voici les tâches qui sont les leurs, selon la fiche de poste éditée par le Service de l'école inclusive de l'académie de Paris (fiche qui date de 2020, nous avons tenté d'en obtenir une plus récente de la part du rectorat, sans succès) :
Le coordonnateur du PIAL travaille en étroite collaboration avec le pilote du PIAL :• Il assure une adéquation fine entre les AESH disponibles et les besoins d’accompagnement des élèves ;
• Il organise le fonctionnement et le suivi du PIAL ;
• Il accompagne les établissements scolaires et les écoles du PIAL en ce qui concerne l’organisation de l’aide humaine pour chaque élève ;
• Il est à l’écoute des professeurs, des AESH et des parents afin de contribuer à mise en place de l’accompagnement le plus pertinent pour l’élève en veillant à la meilleure articulation possible entre besoin d’accompagnement et développement de son autonomie ;
• Il assure le diagnostic et le recensement des besoins du PIAL qu’il transmet aux pilotes;
• Il gère les emplois du temps des AESH du PIAL en coopération avec les équipes pédagogiques, les directeurs et les chefs d’établissement, tout en prenant en compte au mieux les contraintes personnelles des AESH.
Si vous le souhaitez vous pouvez consulter la fiche de poste complète en lien ici.
Dans les faits, les coordonnateur·ices de l'académie de Paris exercent simultanément sur plusieurs PIAL et se retrouvent généralement surchargé·es de travail. Aussi, leurs missions qui sont censées être très élargies, ne se résument bien souvent qu'à établir les emplois du temps des AESH sans véritablement connaitre les besoins des élèves. Or, qui est mieux à même de connaitre ces besoins que celles et ceux qui travaillent au quotidien aux côtés des élèves en situation de handicap, c'est à dire, les équipes d'accompagnant·es. Ceci a pour effet de créer des situations ubuesques au sein des équipes pédagogiques, et les premier·ères lésé·es sont les élèves en situation de handicap qui ne peuvent pas bénéficier d'un accompagnement cohérent.
Il n'est pas question ici de jeter l'opprobre sur l’ensemble de nos collègues qui ont choisi d'accepter les missions de coordonnation et qui essaient tant bien que mal de s'en acquitter avec professionnalisme. Rappelons que le premier des maux demeure la mise en place des PIAL qui engendre ce type de situation, c'est à dire une gestion erratique et déconnectée de la ressource humaine pour pallier au manque chronique de personnels accompagnants.
Néanmoins, force est de constater que des problèmes de posture nous sont régulièrement rapportés, car très souvent les "coordo" adoptent une attitude surplombante au sein des équipes d'AESH. Or, ils et elles ne sont en rien des supérieur·es hiérarchiques, il est important de le rappeler et de le marteler.
À ce propos, nous soupçonnons qu'un double discours ne soit tenu au sein de la hiérarchie.
En effet lors de nos différents entretiens avec le service des ressources humaines du rectorat et face à nos préoccupations, nos interlocuteur·ices nous affirment que les coordonnateur·ices ne sont pas des supérieur·es et que cela leur est régulièrement rappelé. Mais le même discours est-il tenu auprès de ces personnels lors de leur recrutement ? Nous nous permettons d'en douter, car nous constatons sur le terrain toujours plus de problèmes de positionnement : intimidations, injonctions, demande d'effectuer des tâches qui ne sont pas en lien avec les fonctions d'AESH. Beaucoup de personnels maltraités perdent le sens de leur métier et choisissent de démissionner ou bien de changer de PIAL. Cette détérioration des conditions de travail est inacceptable !
Aussi, si vous constatez un défaut de positionnement ou si vous subissez une attitude qui vous semble sortir du cadre des missions de votre "coordo", n'hésitez pas à nous en avertir.
- SUD éducation Paris s'oppose fermement à la mutualisation forcenée des moyens humains qui maltraite aussi bien les AESH que les élèves qu'ils et elles accompagnent.
- SUD éducation Paris revendique l'abandon des PIAL et la création d’un vrai statut de la Fonction publique avec un temps plein à 24h.
- SUD éducation Paris réclame également une reconnaissance des AESH comme des personnels spécialisés dans le champ du handicap, ainsi qu'une formation ambitieuse et de réelles augmentations de salaires.
AESH : un vrai métier, un vrai statut, un vrai salaire !