Lundi 26 février : en grève et rassemblés contre le choc des savoirs !

La réforme dite du choc des savoirs a été présentée le 5 décembre par Attal, puis par Oudéa-Castera aux recteurs le 24 janvier à la Sorbonne.

Beaucoup d’annonces sont très inquiétantes. En collège, le ministère prévoit :

  • la suppression d’une heure de classe en 6e,
  • l’enseignement en groupes de niveau sur l’ensemble des horaires de mathématiques et de français en 6e et 5e à la rentrée 2024 et en 4e et 3e à la rentrée 2025,
  • la mise en place de deux heures de soutien pour la maîtrise des savoirs fondamentaux par semaine pour les élèves les plus en difficulté,
  • la baisse du volume horaire des langues et cultures de l’Antiquité de trois heures en 4e et 3e jusqu’alors à “au moins deux heures” à la rentrée prochaine,
  • la création d’un nouvel enseignement : l’engagement et la participation des élèves aux projets d’éducation à la citoyenneté, aux médias et à l’information pour 18 heures annuelles,
  • le fléchage de 30 minutes par semaine d’enseignement moral et civique en histoire géo de la 6e à la 3e,
    la suppression de l’heure d’approfondissement/soutien mise en œuvre à la rentrée 2023 en 6e sans retour de l’enseignement de la technologie,
  • la création d'un brevet des collèges spécial lycée professionnel.

La sortie des DHG des collèges fin janvier constitue un véritable un coup de massue.
En effet, si les textes officiels n’existent pas encore, les DHG entérinent d’ores et déjà cette réforme et la mettent en œuvre : des heures sont fléchées sur les niveaux de 6e et 5e en maths et français. Ces groupes se font à moyens constants dans l’académie : ils sont pris sur la marge en IPS des établissements, entrainant la baisse des moyens pour les autres matières, accordés par exemple aux dédoublements. De plus, dans l'académie de Paris, le nombre d'heures d’une classe de 6e d'une heure passe de 29 avec à 28h par semaine, un petit tour de passe-passe après la suppression de l’heure de techno en 6e qui avait été transformé à la rentrée scolaire 2023 en heure d’approfondissement.

Outre les questions techniques et l’absence de moyens horaires et humains, c’est avant tout et surtout une réforme politique d’ampleur, qui, parce qu’elle assume de trier, classer et orienter dès 11 ans les élèves, casse le collège unique et son ambition démocratique. Jusqu’ici, les réformes en collège attentait à la qualité de leur apprentissage, réduisait le nombre d’heures de cours en petits effectifs, les mettait chaque année plus nombreux en classe, privait leurs enseignant·es de formation à même de mieux envisager et travailler avec tout·tes et faire face à l’hétérogénéité .

Cette réforme s’attaque à la dignité des élèves. Elle s’apprête à sanctionner les élèves pour leurs difficultés scolaires, qu’on sait être des difficultés sociales. Elle décide d’accentuer les écarts, constatés par PISA, entre les élèves ; prétendant apporter une réponse aux constats, elle fait le choix cynique et antisocial de creuser les écarts, comptant sans doute améliorer la moyenne en faisant monter plus haut les résultats des élèves les plus « performants ».

Pour les enseignants aussi, cette réforme constitue une attaque inouïe : ce n’est plus seulement leurs conditions de travail, c’est leurs valeurs qu’elle foule aux pieds. Aucun arrangement ne pourra faire qu’on ne soit devenu les acteurs et les actrices de ce tri. Cette réforme nous atteint comme jamais, car outre la révolte politique qu’elle suscite, elle abolit fondamentalement les raisons de notre engagement dans le métier d’enseignante : accompagner tou·tes les élèves vers la réussite.

Au-delà donc de l’aspect politique et pédagogique, quelles incidences ?
• Des emploi du temps en barrettes, dégradés pour tous les collègues
• Pour les matières autres que français et maths, des pertes d’heure, suppression des dédoublements, du latin et du grec, des dispositifs d’aide et les dédoublements
• Plus de possibilités d’être prof principal·e pour les profs de maths et français, avec donc des conditions de travail dégradées...pour un salaire moindre (c ISOE PP)
• Pour les élèves la fin des projets, impossibles à coordonner
• Pour les parents, un rapport conflictuel à l’école

 

Pour cela, de nombreux collèges sont déjà mobilisés et appellent à se mettre en grève et se rassembler devant le rectorat le lundi 26 février, jour de la rentrée. Le rassemblement aura lieu à 14h devant le rectorat.

En téléchargement dans cet article : le courrier aux parents, le tract d'appel pour le rassemblement du 26 février et le courrier à la DASEN pour une demande d'audience, envoyé par tous les collèges du 19e. Ainsi que le tract intersyndical d'appel à l'AG et au rassemblement du lundi 26 février : 20240226 Appel grève du 26 février.