Pourquoi nous nous opposons aux groupes de niveau en français et en maths
Communiqué des personnels collège Budé (19e)
1) C’est une attaque contre les valeurs de la République et le vivre ensemble au collège que nous enseignons.
La mise en place de ces groupes de niveaux aura pour effet de classer nos élèves, de les séparer et de les mener dès leur entrée en 6e sur des voies définies. Nous estimons que c’est contraire à notre mission de former des futures citoyens et citoyennes.
2) C’est un non-sens pédagogique
Ce dispositif est en totale contradiction avec notre expertise, nourrie de notre formation et de notre expérience ; ce ne sera bénéfique ni aux plus « fragiles », ni aux plus « forts ». Pire : cela aura surtout un effet stigmatisant, traumatisant, démotivant pour les élèves les plus en difficulté, parfois porteurs et porteuses de handicaps.
3) C’est la fin de projets pédagogiques communs, éprouvés et marqueurs de notre identité d’établissement
Dans le cadre d’un projet d’accueil des 6e, soucieux de ménager une arrivée en « douceur » pour nos nouveaux et nouvelles élèves, l’organisation de groupes de niveau est absurde. En effet, comment accueillir dignement des élèves de 6e qui seront bientôt réparti·e·s dans des groupes de niveau à l’issue d’évaluations nationales dont jusqu’ici, nous avons toujours fait le choix assumé de minimiser l’importance. Les élèves seront séparé·e·s de leurs camarades et rebrassé·e·s 8 à 9 heures par semaine.Sans compter que cela rajoutera un nouvel enseignant au mois d’octobre à l’équipe pédagogique. Qu’en sera-t-il de la mise en place du Jeu des 3 figures, du travail sur les émotions et l’empathie mené en heure de vie de classe par des pp dont 3/4 ne pourront plus l’être.
Car au delà du projet 6e, les profs de maths et français ne pourront plus être professeur·e·s principaux·ales et ne pourront plus participer à des projets pédagogiques sur ces classes puisqu’en face d’elleux, il n’y aura plus de groupe classe.
4) C’est la fin des demi-groupes en maths et en français.
Les élèves seront 28 ou 15 en classe selon leur niveau. Dans un collège, classé REP, le groupe de 28 élèves ne sera pas composé de 28 bons élèves. Nous avons besoin de demi-groupes.
5) C’est la fin des vœux d’emploi du temps pour l’ensemble de l’équipe enseignante du collège.
Les heures de français et maths des 6e et 5e seront forcément disposées « en barrette », bloquant les emplois du temps des collègues et des autres classes.
6) Enfin, de façon plus locale, nous manquons déjà de place dans nos salles à Budé. Nous ne pouvons pas accueillir 28 élèves dans toutes les salles de classe.
Des personnels du collège Guillaume Budé, réunis en heure d’information syndicale, refusent la réforme dite « du choc des savoirs » visant la ségrégation des élèves par groupes de niveau en français et en mathématiques.
Par conséquent :
- Ils s'opposent à toute mise en œuvre de cette réforme et ne participeront à aucune concertation ni instance relatives à sa mise en place.
- Ils ne veulent en aucun cas s'y associer.
- Ils demandent le retrait immédiat de cette réforme.
Nous, enseignants et personnel du collège Perrin, avec les sections syndicales, Snes-Fsu, Sud-éducation, Snfolc et Cgt-éducation, nous sommes en colère !
Communiqué des personnels du collège Jean Perrin
Pour la rentrée 2024, le rectorat nous annonce :
- la fermeture de 2 classes dans notre établissement,
- la perte de 37,5 heures dans notre DHG.
Alors que nous ne cessons de perdre des heures et des moyens humains, nous refusons les groupes de niveau en 6e et 5e, car toutes les études en sciences de l’éducation prouvent que ce sont les petits effectifs et l’hétérogénéité des classes qui créent de l’émulation, essentielle au progrès de nos élèves.
A l’heure où les petits paysans et ouvriers agricoles subissent de plein fouet l’inflation et ne vivent plus de leur travail, tous les métiers de l’éducation nationale se sont eux aussi paupérisés. Le gel du point d’indice depuis plus de 20 ans et les fausses augmentations, en dessous de l’inflation en cours, constituent des actes de mépris supplémentaires à notre égard mais aussi vis-à-vis des parents et des élèves. Montrons que le monde du travail peut aussi se défendre et se mobiliser. C’est pourquoi nous appelons à une convergence des luttes !
Alors que l’école publique manque cruellement de moyens, des milliards sont distribués depuis des années aux établissements privés. La ministre de l’Education nationale affiche son mépris pour le ministère dont elle a la charge. En France, il y a toujours moins de trains, de profs et d’infirmiers alors qu’il y a toujours plus de production d’armes et 413 milliards pour l’armée.
Pour toutes ces raisons, nous sommes en grève le jeudi 1er février 2024. Nous revendiquons :
- Argent public pour l’école publique
- Non à cette énième réforme du collège au détriment de nos élèves
- Revalorisation avec augmentation du point d’indice (augmentation des traitements, pas de primes ni de pacte !)
- Titularisation de tous les précaires de l’éducation nationale avec l’obtention d’un vrai statut
- Récupération de toutes les heures par discipline perdues chaque année depuis des années
- Abrogation de la journée de carence
- Non au Snu et à l’uniforme
- Abrogation de la loi Immigration qui rend encore plus difficiles les conditions de vie de nos élèves et des personnels.
Et pour notre collège, nous nous opposons à la fermeture de deux classes et à la perte d’heures disciplinaires.
Nous sommes déterminés et sommes disposés à poursuivre la grève après le 1er février.