Le Comité Palestine Dauphine a organisé, lundi 27 mai, la conférence « Quelle justice pour le peuple palestinien ? La place du droit international en Palestine ». Après avoir dû lutter contre l'interdiction de cette conférence par la direction de l'université, ce sont ensuite les menaces et les violences que nous avons dû affronter.
Pendant le week-end, nous avons en effet appris par une publication du président de l'UEJD, Union des étudiants juifs de Dauphine, sur LinkedIn (commentaire à un post supprimé depuis) qu'un "très grand rassemblement" de protestation était prévu devant l'université, en plus d'une "action contre Rima Hassan". Cet appel à rassemblement, pourtant non autorisé, a été diffusé sur les réseaux sociaux par le communicant Frank Tapiro ou encore le député Meyer Habib - qui étaient eux-mêmes présents devant l'Université lundi - et a également été relayé sur CNews. En parallèle, le président de l'université était la cible de propos haineux et racistes sur les réseaux sociaux dont LinkedIn et Twitter/X.
Parmi les participant.e.s ayant rejoint cette contre-manifestation, aux côtés de membres de l'UEJD et de l'UEJF, se trouvaient une trentaine d'individus masqués revendiquant leur appartenance à l'Unité Juive, groupuscule violent pro-israélien ainsi que des membres du Mouvement des Étudiants Juifs Français (MEJF), arborant une banderole raciste et suprémaciste sur laquelle était inscrit le slogan "La France aux Français, La Judée aux Judéens". Plusieurs étudiant.e.s ont été molesté.e.s et insulté.e.s à l'extérieur de l'université par les participants à ce rassemblement non-autorisé.
Dans la journée de lundi, des individus d’extrême droite pro-israélienne s'organisaient sur les réseaux sociaux pour venir "casser du bougnoule et du muzz" ou plus sobrement des "pro-palestiniens". Certains d'entre eux se sont introduits dans l'université et ont tenté d'entrer en force dans l'amphithéâtre, violentant des étudiant.e.s et nos collègues de la sécurité. L'un d'entre eux se faisait passer pour un policier ajoutant ainsi de la confusion. Deux autres ont pris une barre métallique et ont brisé la vitre arrière de la salle. Nous n'osons imaginer ce qui ce serait produit s'ils avaient pu pénétrer à l'intérieur.
Dans ce contexte tendu, nous relevons que des étudiant.e.s de Dauphine ont visiblement transmis leurs cartes à des personnes extérieures, leur permettant d’accéder à la conférence sous une fausse identité afin de perturber le débat. C'est d'ailleurs en ce sens que Rima Hassan a refusé de répondre à la question de l'un d'entre eux, externe à l'établissement et qui n'était donc pas censé se trouver dans l'amphithéâtre. Cette séquence a été largement diffusée sur les réseaux sociaux pour dénoncer une soi-disant « censure ».
Malgré ces menaces et incidents, notre collectif composé d'étudiant.e.s, d'enseignant.e.s-chercheur.euse.s et de personnels administratifs a réussi, avec l’aide des agents de la sûreté, de la sécurité de l’Université et de la sécurité incendie, à assurer le bon déroulement de la conférence.
Nous restons évidemment convaincu.e.s qu'il était important que cette conférence ait lieu. Nous invitons l'ensemble de la communauté universitaire - et au-delà - à prendre conscience des conditions qu'il nous faut collectivement mettre en oeuvre pour protéger le droit d'expression et de réunion face aux pressions conservatrices de toutes sortes.
Le Comité Palestine Dauphine dénonce avec fermeté ces violences ainsi que le tombereau de haine raciste dont il a été l'objet et demande qu'une plainte soit déposée par l'université et qu'une enquête administrative soit ouverte sur le rôle d'étudiant.e.s de Dauphine dans ces incidents et violences.