Communiqué du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville et le Collectif du 20ème Solidaire avec Tous.tes les Migrant.es
Dans un contexte de répression croissante de la parole politique et de criminalisation des luttes, Fousseni (délégué du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville) et Mathieu (militant du 20ème Solidaire avec tous.tes avec les migrant.es) sont convoqués ce lundi 29 avril à 14h au commissariat du 11ème arrondissement, pour :
- Vol en réunion
- Entrave concertée et avec violence ou voie de fait à l’exercice de la liberté de l’expression de la création artistique
Le Collectif des Jeunes du Parc de Belleville termine sa 3ème semaine à la Maison des Métallos, établissement culturel de la Mairie de Paris. Cette occupation a été décidée afin d'interpeller sur la situation des mineur.es isolé.es face aux Jeux Olympiques 2024 : multiplication des opérations policières et menaces d'expulsion des gymnases pour envoyer les jeunes en province.
Depuis trois semaines, le Collectif n’a cessé de demander à être reçu en délégation par la Préfecture, avec le soutien de la Mairie, pour appuyer leurs revendications plus que légitimes sur le logement, la santé, l'école, la mobilité et les délais de recours. Les actions telles que les occupations ont été jusqu'à présent les seuls moyens qui ont fonctionné pour obtenir un minimum d'attention et arracher des places d’hébergement. Trois semaines plus tard, malgré les manifestations, rassemblements et soutiens multiples, le dialogue est toujours impossible.
L'occupation de la Maison des Métallos, redevenue lieu de lutte et d’organisation politique, se passe sans tension malgré les conditions de vie difficiles. Tous les jours, les services de l'urgence sociale et la police municipale y passent demander avec cynisme si “tout va bien”, si “nous ne sommes pas trop fatigué.es”, nous félicitant presque de faire le travail des pouvoirs publics.
Mais ce vendredi 26 avril, deux camarades ont reçu une convocation au commissariat du 11ème arrondissement. Il s’agit d’un mineur en recours et d’un militant du collectif 20e solidaire avec tous.tes les migrant.es. Ils sont accusés, en date du 06/04/2024 :
De vol en réunion ;
D’entrave concertée et avec violence ou voie de fait à l’exercice de la liberté de l’expression de la création artistique.
Pourtant, ni les deux militants, ni les collectifs dont ils font partie, n’ont volé quoi que ce soit. Et si la Maison des Métallos est effectivement contrainte d'annuler sa programmation artistique, ce qui est regrettable, les occupant.es du lieu n’en sont pas responsables. C’est la Mairie qui a imposé la suspension des événements culturels, alors que nous nous sommes toujours tenu.es disponibles pour trouver une solution, sans violence aucune.
Il s’agit d’une nouvelle intimidation, alors que dès les premiers jours de l’occupation, ce même commissariat du 11e arrondissement avait envoyé une douzaine de ses policier.es, armé.es, menaçant et provocant l’ensemble des militant.es. Attaquer deux camarades choisis arbitrairement, c’est une vaine tentative de nous décourager, qui dévoile la peur des autorités face à ce réseau de résistance qui s’étend et se renforce.
C’est la première fois qu’un mineur isolé en lutte est convoqué de cette manière. Alors que nous demandons depuis des mois à ce que les Jeunes du Collectif soient considéré.es comme de vrai.es interlocuteur.ices, c’est seulement lorsqu’iels commencent à représenter une menace politique qu’on cesse de les invisibiliser.
Nous savons que cette convocation s’inscrit dans la stratégie des pouvoirs publics français, qui :
jettent des dizaines de jeunes à la rue tous les jours, puis les orientent vers la Maison des Métallos, leur seule possibilité de se mettre à l’abri actuellement à Paris ;
ne remplissent pas leur devoir d’hébergement et refusent le dialogue avec les collectifs mobilisés ;
attendent que la situation dégénère à la Maison des Métallos pour ordonner l’expulsion.
La Mairie de Paris tolère cette occupation depuis trois semaines, laissant croire que l’on pourrait faire pression sur la Préfecture ensemble. Mais les élu.es de la municipalité ont jusqu’à présent refusé d’apporter une quelconque forme de soutien dans ce bras de fer, alors que la Préfecture met en marche la politique répressive du gouvernement Macron. Ce climat de plus en plus autoritaire, liberticide et raciste (loi Darmanin, répression du soutien à la Palestine, accusations d’apologie du terrorisme, contrôle de la jeunesse…) doit tous et toutes nous inquiéter et nous pousser à résister. Se battre avec les Jeunes du Parc de Belleville, c’est se battre pour l’égalité des droits de tous et toutes.
Les Jeunes du Parc de Belleville réclament :
Des hébergements dignes à Paris où rester jusqu’à épuisement des recours, qu’ils puissent être ensemble et en lien avec les réseaux de solidarité, syndicats et associations
Une attestation d’hébergement leur permettant de se déplacer sans être inquiété·es par les forces de l’ordre, notamment en période de JO
Une couverture médicale digne et la création d’un centre de santé dédié avec accueil de jour, centre de soins, psychologues, laverie, cantine et salles d’eau
L’accès aux restaurants solidaires de la Ville de Paris pour se nourrir
L’accès à l’Éducation Publique et à une scolarisation sans condition
L’accès gratuit à la culture
L’accès aux transports gratuits comme tous les mineur·es d’Ile-de-France
Le respect de la présomption de minorité
Le raccourcissement drastique de la durée des recours
Nous appelons tous les syndicats, les collectifs, associations, les élu.es et partis politiques à se rassembler aux côtés du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville, ce lundi 29 avril à 13h devant la mairie du 11ème arrondissement (12, Place Léon Blum) pour accompagner nos deux camarades jusqu’au commissariat avant leur audition à 14h.
L’heure est grave, soyons nombreux et nombreuses ! Que les paroles deviennent de vrais actes de résistance et de solidarité !
Le Collectif des Jeunes du Parc de Belleville et le Collectif du 20ème Solidaire avec Tous.tes les Migrant.es