La déclaration de SUD éducation
Trois ans après le meurtre de notre collègue Samuel Paty, la communauté éducative est une nouvelle fois plongée dans l’effroi suite à l’attaque qui s’est déroulée le 13 octobre dernier dans un établissement scolaire d’Arras.
SUD éducation exprime son horreur face à cette attaque meurtrière et adresse ses sincères condoléances aux proches, aux collègues, aux élèves, à la famille de notre collègue.
Dans les écoles et les établissements scolaires, l’heure est au deuil, au recueillement et à la solidarité. Les personnels, les élèves et les parents d’élèves y ont affirmé avec force que l’école doit être un lieu où les personnels comme les élèves se sentent en sécurité, protégé·es de toutes les formes d’obscurantisme et de haine.
En ces temps douloureux, nous ne cesserons de rappeler, avec SUD éducation, la besogne qui incombe au service public d’éducation : celle d’émanciper, de faire émerger chez les élèves l’esprit critique indispensable à la naissance de citoyen·nes libres, ou pour reprendre les mots de Célestin Freinet : de préparer les élèves “à construire demain le monde de leur rêve”.
Or, le sujet qui sera abordé lors de ce Conseil Supérieur de l’Éducation, le harcèlement scolaire, nous interpelle. En 9 mois, nous avons connu trois suicides, trois victimes du harcèlement scolaire : Lucas, en janvier, Lindsay en mai et Nicolas en septembre dernier. Chaque suicide affecte et touche toute la profession. Les réponses apportées par l’institution ne sont pas satisfaisantes car elles ne travaillent pas sur les conditions structurelles dans lesquelles le harcèlement scolaire apparaît et frappe les élèves.
Le harcèlement scolaire est notamment le fruit d’un climat scolaire dégradé par le manque d’adultes formés pour accompagner la scolarité des élèves dans les écoles et les établissements. Les écoles et les établissements scolaires doivent devenir des lieux où il est agréable de grandir et d’apprendre.
Le harcèlement scolaire est également le fruit d’une montée des extrémismes religieux et politiques dans notre société.
Il faut que le service public d’éducation soit en mesure de nommer les violences et le harcèlement LGBTQIphobes, racistes, sexistes ou validistes que subissent certain·es élèves, comme c’était le cas pour Dinah, jeune fille racisée et lesbienne, qui s’est suicidée en 2022. Les jeunes victimes d’homophobie et de transphobie sont 2 à 7 fois plus touché·es par le suicide que les autres jeunes.
Pour agir contre le harcèlement scolaire, il faut agir contre les discriminations à l’école, cela passe nécessairement par la construction d’une école plus inclusive pour les élèves et les personnels mais aussi par des enseignements qui s’attachent à éveiller l’esprit critique et à leur permettre d’appréhender la complexité du monde, à l’inverse de la politique héritée de Jean-Michel Blanquer des “savoirs fondamentaux”.
SUD éducation s’adresse au ministère de l’Éducation nationale : dans la nuit des préjugés, des obscurantismes et des extrémismes religieux et politiques, l’école est un phare pour la société de demain. Soyons-en dignes pour nos élèves.